Sondage du manteau neigeux

Le mot de chamois futé, le 05 avril 2013 vers 21 h.

Cela ne vous étonnera pas si je vous dis que nous avons actuellement un manteau neigeux de type hivernal. On ne se croirait pas en avril.

Avec les températures qui règnent sur les crêtes, dignes d’un mois de février, la bise aidant, le thermomètre daigne passer au-dessus du seuil de 0° que très rarement en journée.

Alors que nous devrions avoir une évolution de la neige en « neige de printemps» de type « gros sel », avec une alternance molle la journée, durcissant la nuit, les couches superficielles restent plutôt poudreuses.

Sur cette coupe du manteau neigeux, réalisée le 05/04/2013 au matin, nous observons :

En surface, une croûte épaisse de quelques cm qui résulte d’un petit dégel diurne suivi d’un regel à la faveur de la nuit. Cette croûte est non portante, elle casse sous le poids d’un piéton.

Gare à ski! S’ils ont décidé de passer dessous… J’ai embrassé un hêtre ces jours derniers***

La direction ne répondait plus.

Dessous, c’est une épaisseur de 30 à 40 cm de neige pulvérulente. On différencie des strates plus ou moins adhérentes entre elles.

Le froid persistant depuis les dernières chutes de neige a modifié la structure des cristaux de neige. On découvre à ce niveau des « faces planes », cristaux anguleux qui donnent cet aspect de sucre cristallisé typique de cette alchimie du froid. C’est dû à un fort gradient des températures de surfaces des jours précédents.

Le froid ne consolide pas les neiges sèches, au contraire.

A plat, ça s’enfonce de 30 cm ; dans les couloirs bien alimentés, c’est jusqu’à mi-cuisse. On en a même vu un qui s’entraînait à la brasse papillon quelque part, dans une face Nord du massif.

Tout cela repose sur les neiges anciennes, composées de grain rond dur gelé.

Ces strates, ont subi des phases d’humidification, de regel qui donne à ces niveaux un aspect de dalle de béton. Cette fois, la neige humide est consolidée par le froid.

L’ensemble du manteau neigeux est froid, comme l’indique la courbe de température en rouge. Donc, ça ne bouge pas beaucoup actuellement.

En revanche,  au prochain redoux, la situation va rapidement évoluer. Les croûtes qui maintiennent le manteau neigeux sur fortes pentes vont s’affaiblir. La neige va s’humidifier, nous allons assister, comme toutes les fins de saisons froides, au retour des avalanches de printemps.

Pierre-Marie David