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Vosginisme & Randonnée
15 octobre 2022

L'étoile des Spitz' / Au revoir, Jérôme

Lorsque j'ai été muté dans le département des Vosges en 2007, je ne te connaissais pas Jérôme, mais je connaissais bien ton ouvrage "Les plus belles randonnées des Vosges" coécrit avec ton épouse Anne aux éditions Glénat, quelques années auparavant. J'étais alors un jeune enseignant momentanément installé en Alsace pour mon année de stage, et arpentais régulièrement les sentiers vosgiens avec émerveillement, chacune des randonnées étant précédée d'une lecture attentive de votre ouvrage. Le voyage avant le voyage en quelque sorte, l'esprit entièrement plongé dans les descriptifs et les photographies...

Cette même année, je fais connaissance avec ton épouse, devenue ma collègue de travail en lycée. Toutes les discussions, durant nos repas partagés à la cantine, tournaient autour de notre amour commun pour les Vosges et "nos" Alpes du Sud. De fil en aiguille, ces sentiers vosgiens, nous les avons parcourus ensemble, en toutes saisons. Et le plus souvent possible. Vous m'avez fait découvrir tous les trésors du massif, du Brézouard au Lac des Perches, en passant par le Rothenbachkopf, et puis surtout les Spitzkoepfe. Tu ne te lassais jamais des Spitz'. Tu avais ces étoiles qui brillaient dans les yeux quand tu les approchais ces Spitz', ces étoiles si caractéristiques de ceux qui, comme Anne et toi, sont des passionnés. Et les montagnards passionnés sont juste passionnants. Forcément.

Rapidement, je me suis pris de passion pour les Vosges, moi aussi -ce devait être contagieux-, pour les pentes hivernales du Hohneck pour ma part, quand de votre côté, vous approfondissiez toujours davantage vos connaissances du massif et les partagiez à travers des ouvrages qui ont rarement quitté ma table de chevet, et ce, des années durant. L'alpinisme au Hohneck a éveillé ta curiosité, tu as été mon premier compagnon de cordée vosgien. Impossible d'oublier cette sortie, ni les -18°C, nous n'avions jamais eu aussi froid, et pour les besoins de cette photo, je m'étais bêtement infligé la pire onglée de ma vie...

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Et puis, de nombreuses années durant, j'ai consacré tout mon temps libre au "Hohneck hivernal", à tes Spitz' et, de votre côté avec Anne, vous poursuiviez vos découvertes des sentiers vosgiens, du Jura, du Queyras et de l'Ubaye pour lesquels vous avez publié de merveilleux ouvrages. Etre passionné et partager, publier des livres, quelle merveilleuse idée. Je l'ai faite mienne, merci pour l'inspiration, Jérôme.

Il y a quelques années, nous nous étions revus et tu me parlais du Piémont italien avec ces mêmes étoiles dans les yeux. Le pays du Viso n'avait plus de secret pour Anne et toi, tu as même foulé son sommet. Il paraît que peu de sommets sont aussi beaux que celui du Viso, que peu d'ascensions sont aussi enivrantes que celles qui mènent aux derniers rochers. Je n'en sais rien, je n'y ai jamais été. Peut-être qu'au fond de moi, je m'imaginais que tu m'y emmènerais. De toute façon, nous étions partis pour devenir de vieux montagnards. Je m'imaginais volontiers avec toi dans 25 ans, une grappa à la main dans un refuge du Viso. Et quelques étoiles dans nos yeux.

Ca m'a fait tellement plaisir de te revoir cet été en famille à mon concert. Du blues, toujours du blues, il ne va pas pas me quitter. Entretemps, nos 2 derniers enfants sont devenus meilleurs amis et nous projetions d'arpenter de nouveau les sentiers ensemble. Lesquels, je n'en sais rien, on y va, on suit les étoiles, celles au dessus des fermes-auberges vosgiennes, celles au dessus de Bersezio, celles qui illuminent nos regards.

Et puis, l'incrédulité. L'incrédulité. Comment y croire? Comment l'accepter?! Comme quand Bérhault est tombé. Pas lui, pas toi. Aux Spitz', bon sang... c'est juste inimaginable, ça me tourne dans la tête depuis Samedi dernier. Ca me met en colère et suscite mon admiration à la fois. Je ne suis pas sûr que les gens puissent comprendre cette admiration. Peu importe, ça me rend infiniment triste au final. Mais une chose est certaine, merci pour tout ce que tu m'as apporté avec Anne. Et quand j'irai aux Spitz', quelle que soit la saison, par une belle journée ensoleillée ou dans un brouillard à couper au couteau, j'admirerai cette étoile éternelle que tu y as laissée.

Au revoir, Jérôme.

Stéphane 

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