Les "bras cassés" au Wildhorn (3247,5m)
L'été se prolonge en ce merveilleux mois de septembre, et la fin de semaine approchant, nous décidons pour ce premier week-end d'octobre de réunir l'équipe des "bras cassés" pour l'ascension du Wildhorn en Suisse (la carte précise 3247,5m, très précis, on en a bien rigolé) sur 2 jours avec nuit à la "Wildhornhütte".
Coincés à 4 dans l'irremplaçable Citroën Saxo 1982 d'Ozan, ce dernier nous emmène, les épaules coincées entre 2 piolets et 1 sac à dos, sans encombre jusqu'à Iffigenalp, près de Lenk. La fine équipe au complet:
On représente l'équipe (de gauche à droite) avec les citations respectives (et véridiques)de la sortie: Sophie ("Je vous ai préparé une tarte aux pommes, un cake aux fruits et des muffins aux abricots et raisins secs pour aujourd'hui"), Ozan ("Krampus, j'ai peur, j'crois qu'il y a une drag-queen dans le pissoir"), Eric ("Si c'est plat jusqu'au sommet, ça peut l'faire") et moi ("A côté du Wildhorn y'a le Mont Pucel, c'est peut-être un sommet encore vierge").
Et c'est ainsi que, chargés comme des mulets, nous sommes partis rejoindre la "cabane du Wildhorn" dans un cadre idyllique:
Via le magnifique lac d'Iffigen ("Iffigensee"), étrangement désert en cette aussi belle journée:
Après une jolie montée facile en sentier (compter 2h30 environ), nous rejoignons la Wildhornhütte, aussi remplie de surprises que la hotte du Père Noël:
Le gardien ne parlant qu'allemand, je cours à la rescousse d'Ozan pour nous annoncer et m'entretenir... en français tout de même. Alors, y'a un truc que je peux vous assurer, c'est qu'en Suisse, ils adorent quand vous prenez la nuitée sans demi-pension. Bref, nous décidons pour le dîner de manger tranquillement dehors, évitant ainsi la cacophonie de la salle commune:
Nous n'annonçons à personne la course que nous programmons le lendemain, vu que ça ne nous est aucunement demandé et rejoignons rapidement les couchettes qui nous ont été attribuées... au milieu de familles avec enfants et bébés. Jusqu'à tard la nuit, nos voisins n'en auront rien à cirer du bruit, de mettre la lumière à pas d'heures, et nos chers bambins du bout de la couchette parleront et pleureront jusqu'à 3 heures du matin, privant mes potes de sommeil (j'avais mes boules Quiès :)), j'ai super bien dormi, merci). A 4h30, c'est passablement énervés tout de même que, ni bruyants ...ni discrets, nous quittons le dortoir en entendant pleurer, de nouveau, le bébé, et après un solide petit déjeuner, quittons le refuge pour nous enfoncer dans la nuit noire:
Au pied du premier glacier "Chilchigletscher", nous nous équipons et nous encordons, et c'est avec une certaine appréhension à côté d'une rimaye béante, appréhension qui disparaîtra dès les premiers pas, que je m'engage avec mes amis sur le glacier:
Je ne maîtrise pas encore mon nouvel appareil photo anti-pluie, anti-boue, anti-tout, alors aucune photo ne pourra exprimer l'immense sérénité contemplative et le bonheur que l'on ressent à l'aube en haute-montagne:
Nous parvenons ainsi sur terrain rocheux entre le premier glacier que nous venons de traverser dans sa largeur, et le glacier de Ténéhet:
Le topo indique alors que ce passage rocheux est court et qu'il est inutile de décramponner. Nous poursuivons donc, longuement, notre marche crabes aux pieds dans ce pierrier malcommode, et jouant de malchance, Ozan se tord le genou dans ce passage et décide, tranquillement et visiblement habitué par ce satané genou, de le reposer quelques heures, le temps pour nous de faire le sommet et de revenir. Nous prenons donc pied sur le glacier de Ténehet avec, après 1h de marche vue sur notre objectif du jour: le Wildhorn (sommet de gauche):
Nous poursuivons l'ascension dans un paysage d'une grande beauté, seuls, aucune cordée ne semblant avoir décollé aussi tôt que nous:
Le sommet est atteint 3h30 après avoir quitté le refuge. Eric et Sophie:
Bozo le clown (faudra que j'évite le mélange de couleurs à l'avenir):
Le panorama est à couper le souffle, mais c'est avec une joie teintée d'amertume en raison de l'absence d'Ozan, que nous contemplons la Suisse:
Nous repartons alors rapidement rejoindre Ozan, et croisons quelques cordées qui n'ont de cordée que le nom. Par exemple, un groupe désencordé, à 8, sans équipement, collés les uns aux autres dans la progression. Une synthèse de toutes les erreurs à éviter. Peu importe, il y a d'autres choses à regarder:
Nous retrouvons rapidement Ozan 15 cigarettes plus tard, qui héroïquement et c'est rien de le dire, serrera les dents tout au long du retour (après lui avoir affirmé que beaucoup appelaient l'hélico pour moins que ça):
Et hop, une petite photo de l'itinéraire depuis la cabane jusqu'au sommet:
Il ne nous reste maintenant qu'à souhaiter un bon rétablissement au(x) genou(x) d'Ozan, parce que tous les 4, on a plein de projets dans la tête encore et parce que c'est grâce à lui que j'ai pu apercevoir une drag-queen dans le pissoir de la Wildhornhütte et ça, ça vaut tous les sommets du monde.