Les morts de faim du Hohneck

La tradition veut qu'il y ait dans les Vosges une coulée de neige en Octobre, une en Novembre, avant que le manteau blanc ne s'installe définitivement en Décembre. Retrouver le Hohneck tout de blanc vêtu, sous un ciel annoncé radieux était, bien entendu, une occasion trop belle pour Tony et moi. Occasion de retrouver notre sommet fétiche bien sûr, mais aussi de m'entraîner afin d'élever mon niveau en alpi et en techniques de corde, de "bouffer du rocher" comme on dit. Pas de plan précis en tête ce matin au comptoir du Pied du Hohneck, juste le matériel dans le sac à dos et puis on verra. Nous avons comme seule optique de sortir des sentiers battus.

Les premiers pas en direction du Wormspel se font dans le brouillard, mais on sent le soleil prêt à lever ce voile hésitant:

Parvenus au col, le Hohneck se dévoile à nous dans toute sa splendeur:

Tony étant un personnage plein de surprises, il était évident que je n'allais pas descendre dans le Wormspel par un sentier type GR avec lui, m'enfin de là à descendre par le couloir des Spitz avec ces feuilles mortes, cette terre détrempée et cette neige..."Tu veux une corde pour un rappel, Krampus?" "Ah ben oui, je veux bien, ach'ment sympa merci". Et c'était parti pour 3 rappels pour nous retrouver dans le couloir des Spitz (appelé à tort "goulotte des Spitz" également par moi jusqu'à présent, mais on y reviendra cet hiver...), complètement déneigé évidemment mais bien dégoulinant:

Un bon exercice à faire et à refaire afin de développer des automatismes. Au pied du couloir, nous apercevons derrière nous le Hohneck, qui a déjà perdu beaucoup de neige sous ce temps ensoleillé. Suite à une petite traversée nous jetons un oeil à un petit bastion rocheux qui mériterait bien la petite visite d'une cordée:

Nous constatons au pied de l'arête que cette dernière est en conditions bien pourries: rocher détrempé, mousse, mauvais appuis et terrain glissant sont au programme. Autrement dit Tony est aux anges dans cette sortie aux vagues airs de canyoning, et je ne suis pas mécontent non plus, sinon je serais resté au pieu ce matin :). Mon compagnon me laisse faire le relais, rectifie une belle connerie (une bonne leçon d'humilité avant la leçon d'humidité qui suit derrière), et part en tête:

Une partie de la traversée est délicate, rocher fuyant et détrempé. J'invente une nouvelle technique de grimpe en rampant dans une large fissure, tel une limace. S'inspirer de la faune locale a parfois du bon. La suite de l'arête requiert de l'attention, quelques pas se font sur des appuis tout petits et pas forcément très adhérents:

Le sommet de la voie est atteint en 2 nouvelles longueurs. L'itinéraire grosso modo:

Une sortie loin des classiques du secteur et qui, si elle n'était pas des plus confortables, m'aura certainement donné à progresser et à apprendre de mes erreurs. On ne pouvait rêver plus utile avant cet hiver, merci Tony ;)

Comments

[krampus]

ben ouais, moi je viens de là: http://biomotion.fr/wp-content/uploads/2012/08/5317035175-Lointaine-Menton-06-p.jpeg , alors d'Octobre à Septembre j'ai froid, le reste ça va.

[tony]

Ouais mais y'en un qui viens du sud et l'autre qui sort de sa grotte.

[accro rock]

C'est étrange cette cordée: y en a un qui est équipé spécial hiver et l'autre qui qu'est presque tout nu!

Le lecteur a du mal a imaginer les conditions....chaud -froid?...

ça sent bon l'hiver tout ça!

et ça donne envie!

accro rock