Alpluienisme, cacahuètes et ciao l'hiver
Dimanche 13 heures. Les pieds sur la table basse, le bol de cacahuètes sur ma ceinture abdominale de trentenaire, j'envisage très sérieusement de m'endormir devant un bon vieux "Texas Ranger", jusqu'à ce que ma conscience me dise, en ces termes très précis "nan nan nan nan".
13h45: parking des 3 Fours. Pas beaucoup de matériel avec moi, je vais grimper seul et vais jeter un oeil au versant Nord du Hohneck, tandis qu'il pluviote et que les températures sont allègrement remontées ces derniers jours (toutes les photos sont d'aujourd'hui). J'opte pour le couloir du Petit Dagobert en rouge sur la photo:
Par le sentier "triangle bleu", je descends rejoindre le Frankenthal. Le Hohneck est désert, totalement désert aujourd'hui et j'avoue bien volontiers que durant toute la descente, je ressentais quelque inquiétude et me suis même demandé si je ne ferais pas mieux de rentrer chez moi. Je parviens au Frankenthal, coup d'oeil sur le Falimont:
Et coup d'oeil sur le Petit Dago vers lequel je file:
Une fois dans le couloir, chaussé de mes crampons et piolets en mains, toute appréhension disparaît, comme d'habitude, et laisse place au plaisir, voire à une certaine euphorie quand la pente se redresse (entre 45 et 50° sur la fin que j'ai prise tout droit). Deux photos:
La sortie du couloir:
Retour à la voiture. Ce qui est remarquable sur cette photo, c'est que seul le sommet-même, et donc l'hôtel-restaurant est dans les nuages. Du coup, on imagine ce que serait le Hohneck sans cette bâtisse.
Ca m'évoque un passage du roman "Honeck" de Jacques Dieterlen que je vais réécrire:
" "Le Honeck" m'écriai-je, notre vieux Honeck. Quelle joie de le revoir! (...) "Que de souvenirs montent fis-je; et ce qu'il a pu emplir notre vie, cet horizon vosgien! Allons au sommet!"
Mais Erwin n'était pas de cet avis. "Non" fit-il "il n'y a rien à voir que des boîtes de conserves. On nous a déshonoré notre burg avec des bistrots et des étalages de carte postale... Si les badauds qui montent là-haut s'imaginent qu'ils ont connu le Honeck pour avoir fait un tour au Belvédère et bu une bouteille de vin d'Alsace, ils se trompent..."
Ce chef d'oeuvre, dont j'ai déjà parlé cet hiver sur ce blog, a été écrit en ... 1946!
A 15h45, je pouvais retrouver ma voiture et foncer vers mes cacahuètes la conscience tranquille...