La Bête des Vosges existe, je l'ai rencontrée.
Voilà quelques mois que plane sur notre massif le mystère de la Bête des Vosges. Qui est-elle? Que veut-elle? Que mange-t-elle au petit déjeuner? Autant de questions qui angoissent les Vosgiens, particulièrement ceux du côté de Ventron où elle sévit régulièrement. Mais toutes les heures de travail que j'ai passées dans mon vieux grenier, à la lumière d'une lampe-tempête, en écoutant des chants grégoriens et me plongeant dans des récits terrifiants sur l'origine de cette Bête ont payé. Regardez voir:
Le terme "Bête" est une dénomination souvent utilisée pour désigner le Malin. Le Diable. Et dans la mesure où tout le monde se demande ce qu'il mijote en ce moment, j'ai réalisé qu'il était probablement dans une cuisine. Or (oui, "or", vous allez voir c'est très fort), il existe pas très loin de Ventron une grotte appelée... "la cuisine du Diable". Il ne m'en fallait pas plus pour décider de m'y rendre ce matin.
Départ de Bruckenbach au dessus d'Urbès, dans les environs de la vallée de la Thur:
C'est avec une immense angoisse (forcément, je vais à la chasse au Diable...) que je me lance sur la piste, le coeur brave, armé de mon couteau suisse. La piste laisse place à un sentier très raide:
Effectivement, il s'agit d'un des sentiers les plus raides des Vosges, et après une longue montée très soutenue mais régulière, je parviens enfin à la "Cuisine du Diable". Grand moment d'émotion:
N'écoutant que mon courage, je me mets à l'entrée et lance un "Je suis Buzz l'Eclair, je viens en paix", histoire de voir si le Diable a de l'humour et/ou s'il suit mon blog. Rien. Pas de réponse. Je rentre donc dans la grotte et prends une photo, l'endroit est sinistre:
Tout à coup, j'entends derrière moi un rugissement infernal (qui, entre nous, empestait pas mal l'alcool) et me retrouve nez-à-nez avec le Diable...:
Ni une, ni deux, je prends mon courage à 2 mains et décide de l'affronter:
Je sais pas pourquoi tiens, mais du coup j'ai oublié de prendre mes affaires près de la grotte. Très calmement donc, je décide de reprendre la dure grimpette et me rends jusqu'au sommet de la Tête de Rouge-Gazon, où je me la pète grave sur la photo, mais c'est normal, après tout, j'ai terrassé la Bête des Vosges:
Puis je poursuis ma balade toute calme en direction de la Chaume de Rouge-Gazon, avec de belles échappées sur le Ballon d'Alsace:
Après une halte fort sympathique à l'auberge de Rouge-Gazon, je suis les conseils du patron et me rends dans un premier temps à la Tête des Perches:
Puis à la chaume de la Moyenne Bers:
Par le GR5, la rando se poursuit en balcon au dessus du lac des Perches pour retourner au col éponyme:
Le retour s'est fait par Vert Gazon (oui y'a des gazons de toutes les couleurs dans le secteur):
Dans l'excellent guide "Les plus belles randonnées des Vosges" d'Anne et Jérôme Renac aux éditions Glénat, le poète local Charles Grad est cité: il a écrit en 1889 ces quelques lignes concernant la Cuisine du Diable: "L'innocent marcheur commencera la terrible ascension: du fond de sa marmite, le Diable ricane et se réjouit... S'il n'y prend garde, il partagera le sort d'innombrables promeneurs qui n'ont pas su résister à l'appel de Satan..."
Donc voilà, si vous allez dans le coin, n'hésitez pas à rendre visite à la Bête des Vosges, elle est super sympa, et essayez de récupérer mon sac à dos au passage, ce serait cool!!