Portrait de vosginiste: Hervé Bellissent, Strasbourg (67)

Peux-tu te présenter?

"Je m’appelle Hervé Bellissent. J’ai bientôt 48 ans et j’habite actuellement en Alsace. J’ai souvent changé de métier, mais la dernière fois c’était dû à un accident de travail où j‘ai perdu trois doigts à la main droite… J’ai fait une reconversion comme cordonnier-bottier malgré mon handicap (sans doute par esprit de challenge) et je travaille maintenant depuis 8 ans dans une société de podo-orthésie. Autrement, je suis marié à Véronique et j’ai une fille de bientôt 18 ans, Sarah. Et pour finir, je suis passionné de montagne depuis que j’ai 7 ans, date de mes premières vacances avec mes parents dans les Hautes-Alpes."

Quel est ton premier souvenir marquant de montagne dans les Vosges?

"En fait, la première fois que je suis venu dans les Vosges, j’habitais au Luxembourg et c’était après avoir vécu durant 8 ans dans les Hautes-Alpes, près de Briançon. Alors la première réflexion que j’ai eue était : "Elles sont sympa ces collines..." Je sais maintenant que ce ne sont pas des collines et qu’il y a plein de choses à y faire."

Quel secteur privilégies-tu pour grimper dans les Vosges?

"Pour grimper, il y a plein de chouettes endroits mais la Martinswand pour les grandes voies c’est sympa, sinon St Amé. Et pour les choses plus « alpi » les différents couloirs du Hohneck et l’arête des Spitzkoepfe."

Quel est ton plus beau souvenir en alpinisme en général?

"J’en ai plusieurs…. Principalement dans le massif des Ecrins où j’habitais avant...Mes premiers grands sommets comme le Pelvoux puis la Barre des Ecrins en voie normale et son pilier Sud, mais surtout la face nord du Pic Sans Nom près du Pelvoux avec de l’approche sur le glacier Noir et ensuite une belle escalade de 650m avec pas mal de longueurs en 6a/b. A l’époque c’était la voie d’escalade la plus dure du glacier Noir."

Peux-tu nous raconter une galère et l'expérience que tu en as tirée?

"Une galère ,oui... mais rien de grave on n’était pas perdu et on était prêt à passer une nuit sous les étoiles dans le pire des cas. C’était à la descente dans la face Sud de l’aiguille du Moine… Généralement en montagne les cairns sont là pour vous indiquer le chemin, et bien là j’ai eu l’impression que tous les gens qui se sont perdus dans cette face on mis un cairn à l’endroit où ils se sont perdus du coup on s’est bien planté également…. Mais bon c’était quand même une expérience sympa de rentrer au refuge à minuit….lol

Ce que j’en retire c’est de faire attention à toutes les petites indications dans les topos et de tenir l’horaire surtout avec des débutants."

Quels sont tes rêves d'ascensions?

"J’aimerais bien refaire des trucs un peu durs mais surtout en réversible ou en second car avec ma main je ne fais plus tout ce que j’aimerais… Mais j'ai des projets dans le massif du mont Blanc encore à définir."

Qu'est-ce que l'esprit de cordée pour toi?

"C’est le partage, la confiance entre les membres de la cordée. On apprend toujours sur soi et aussi des autres."

Si tu devais ajouter quelque chose?

"Apres 10 ans d’activités, l’ancien responsable alpinisme au CAF de Strasbourg m’a demandé si je voulais bien lui succéder…. Malgré les responsabilités, j’ai tout de suite dit oui.

Ca fait maintenant deux ans, mais comme j’ai toujours envie d’en faire plus, j’ai décidé cette année d’organiser et d’encadrer un stage de formation diplômante.

Il aura lieu à Chamonix du 3 au 9 juillet et sera encadré par un très bon ami (rencontré dans les chasseurs alpins) que je connais depuis bientôt 30 ans et qui est guide de haute montagne et ancien du GMHM.

J’aimerais et j’espère que dans le futur, des jeunes que j’aurais formés, m’emmèneront à leur tour.

Je tiens à remercier Robert Chevalier, mon premier guide (avec qui je pratique toujours après 40 ans d’amitié) qui a su me donner la passion de la montagne et qui m’a tout appris. Et je remercie également ma femme qui sait me motiver et me freiner également quand c’est nécessaire et que j’adore emmener en montagne."