Portrait de vosginiste: Pascal Guérin, Nancy (54)

1) Peux-tu te présenter? 

Bonjour Krampus, j'aime beaucoup c'que tu fais! (rires)

Je m'appelle Pascal Guérin, 46ans, originaire d'Epinal, je suis psychologue et vis à Nancy. Ma pratique reste modeste et n'a que 4 ans, je suis donc un "jeune" alpiniste ! Si si !

Dans ma jeunesse, j'ai pratiqué le demi-fond et le cross-country au sein de la RESDA (club d'athlétisme) et je faisais aussi un peu de VTT. Et puis grâce à Thierry Ruiz, mon prof de sport au lycée à Epinal, j'ai découvert l'escalade, d'abord en salle et ensuite à la carrière Collot. A cette époque, j'avais 2 orientations professionnelles qui me tentaient : travailler dans un Parc National ou devenir psychologue. Et finalement je suis parti à Nancy pour suivre des études de psychologie. Etant étudiant et salarié, j'ai eu une longue interruption sportive par manque de temps. J'en avais même complètement oublié la montagne et l'escalade. Mais c'était sans compter sur un retour au sport par la randonnée il y a une dizaine d'années, et c'est ainsi que j'ai repris l'escalade il y a 4 ans avec le Club Alpin Français de Nancy. En regardant les différents programmes d'activités du CAF, j'ai été tenté par la journée d'initiation d'alpinisme "neige". Comme le chante si bien Dominique A. :"Il y a des rêves qui ne meurent pas, Qu'on vous repasse, Et qui vous restent sur les bras, Qui vous dépassent, Il y a des rêves qu'on ne refuse pas" ! Fatalement, je me suis pris au jeu des initiations d'alpinisme "neige" et "rocher" dans les Vosges, jusqu'à partir en week-end d'application dans les Alpes !

2) Quel est ton premier souvenir marquant de montagne dans les Vosges ?

Avec mes parents, on allait en famille, été comme hiver, à la Grande cascade de Tendon, et là, tout petit, je me souviens que j'admirais les rochers. Et chaque année, j'espérais qu'il y ait beaucoup de neige, avec une hauteur plus grande que moi ! Sinon, et c'est une boutade, quoique... enfant, je feuilletais souvent "Sur les traces de premier de cordée", de Frison-Roche, illustré de photos de G. Tairraz, paru en 1952 et que m'avait donné mon père. Finalement, c'est là mon vrai premier contact avec la haute montagne... dans les Vosges !

3) Quel secteur privilégies-tu pour grimper dans les Vosges?

Pour l'instant, sur neige, c'est les couloirs du Hohneck en hiver. Je sais qu'il y en a bien d'autres dans le secteur des crêtes des Hautes-Vosges. En rocher, c'est le secteur de la Martinswand. Et aussi la seule arrête du massif, sur la chaîne des Spizkoepfe. Mais en été, je grimpe plutôt régulièrement sur la falaise calcaire de Maron (54).

4) Quel est ton plus beau souvenir en alpinisme?

Chaque course, autant dans les Vosges que dans les Alpes, me laisse toujours de beaux souvenirs car c'est à chaque fois une expérience unique enrichissante. Mais si je dois choisir, alors ça serait ma toute première course en haute-montagne qui était aussi mon 1er 4000 lors de l'ascension du Bishorn (4153m) ! Avec une vue magnifique sur les 4000 alentours et sur le Weisshorn ! Et ce silence incroyable au sommet, sans vent, avec en prime un vol de papillons qui passaient par là !

Et j'ai pris un grand plaisir à remonter avec une amie, en solo, plusieurs couloir du Hohneck dont le grand Dagobert. L'autonomie même modeste, c'est très formateur en terme de questionnement. C'est très différent de se laisser emmener par son 1er de cordée.

5) Peux-tu nous raconter une galère et l'expérience que tu en as tirée?

Je n'ai pas encore vécu de galère à proprement parler. A part avoir été 2 fois nauséeux lors de marches d'approche et à vomir à l'arrivée au refuge... C'est pénible de marcher avec un sac à dos bien chargé dans ces conditions... Et voir mes camarades se préparer en pleine nuit, et devoir prendre la décision de rester dormir au refuge. C'est très frustrant. On sait ce qu'on va rater. Mais savoir renoncer pour ne pas mettre potentiellement en difficulté sa cordée est un principe de précaution. L'amour propre et la fierté doivent être mis de côté. L'avantage, c'est qu'après une nuit complète au refuge, le lendemain ça va beaucoup mieux et je suis d'attaque !

Sinon, voir des parpaings voler aux Spizkoepfe et dans les Alpes, ou voir la foudre tomber en montagne, comment dire ça... ça calme ! Si ces éléments sont surtout des risques objectifs à prendre en considération et inhérents à la pratique de l'alpinisme ou du vosginisme, par contre améliorer ma condition physique, partir sans dette de sommeil et bien reposé, voilà des facteurs sur lesquels je peux jouer pour profiter aux mieux de mes séjours là-haut !

6) Quels sont tes rêves d'ascensions?

Je n'ai pas vraiment de rêve d'ascension, mais j'espère pratiquer cette activité le plus longtemps possible ! Et des journées à rallonge lors de courses longues, j'en redemande ! En fait, je crois que mon rêve d'ascension le plus réaliste, c'est au moins de continuer à progresser. Quand on s'élève soi-même, c'est déjà une victoire

7) Qu'est ce que l'esprit de cordée pour toi? 

Eh bien, c'est un lien qui reflète une grande confiance entre les 2 ou 3 membres de la cordée, avec un grand respect pour l'autorité de compétences du 1er de cordée, un partage de moments uniques et avec une vraie solidarité puisqu'on veille les uns sur les autres, dans ce contexte plus ou moins hostile qu'est la montagne, quelle que soit son altitude.

8) Si tu devais ajouter quelque chose ?

Un grand merci à mes camarades de cordée du CAF de Nancy...

Sinon, Léo Férré a écrit La mémoire et la mer, un de ses plus beau textes, sinon le plus beau... T'imagines s'il avait écrit sur la montagne ?