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Vosginisme & Randonnée
26 août 2015

Portrait de vosginiste: Anne-Claire Jude, Gérardmer (88)

Bonjour Anne-Claire, peux-tu te présenter?

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"Je travaille dans le spectacle comme technicienne et constructrice de décor, et suis également artificière. Ce sont des activités professionnelles qui me permettent d'organiser mon temps libre pour vivre mes loisirs, lesquels me sont tout aussi importants, aller en montagne notamment, mais également faire de la sculpture et de la peinture. Ma famille est originaire de Bar-le-Duc dans la Meuse et je réside à Gérardmer depuis 3 ans."

 

Quel est ton premier souvenir marquant de montagne dans les Vosges?

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"J'ai découvert les Vosges au Champ du Feu quand j'étais gamine. Mes parents m'y emmenaient faire du ski de fond, ce sont des souvenirs lointains, j'avais à peine 2 ans. Je faisais également beaucoup de randonnées avec mes parents, on allait surtout du côté du Hohneck, de la Bresse... On se rendait également régulièrement randonner dans les Alpes et le Jura. En revanche, je n'ai découvert l'escalade et l'alpinisme dans les Vosges qu'il y a 3 ans. Mon premier couloir de neige a été le Petit Dagobert, et moi qui suis plutôt tournée vers l'escalade sur rocher, j'avoue avoir été surprise et très enthousiasmée par ce premier couloir de neige vosgien."

 

Quel est ton secteur préféré pour pratiquer le vosginisme?

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"Comme je prends davantage de plaisir sur le rocher, je privilégie la Martins, mais en semaine quand il n'y a pas trop de monde. Le rocher y est magnifique. En hiver, je grimpe essentiellement dans le Falimont, que ce soit sur des itinéraires en neige ou mixtes. Je viens de me lancer également dans la descente de ces couloirs en ski de randonnée. Cela dit, en alpinisme, mon itinéraire fétiche reste la traversée des Spitzkoepfe. C'est un itinéraire mixte vraiment complet. J'aimerais bien découvrir aussi la Martins en hivernale."

 

Quel est ton plus beau souvenir d'alpinisme?

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"Je dirais la Face Sud de la Dibona en 2001 ou 2002. On avait commencé par la Berthet-Boell-Stofer, ça doit être coté TD. Et on était sorti par une arête, pour finir par la voie normale. C'était juste la deuxième année que je faisais de l'alpinisme et j'ai découvert cette aiguille magnifique et effilée, le rocher est une merveille, vraiment une des plus belles sinon la plus belle voie que j'ai faite. J'ai aussi un faible pour les Calanques où je me suis rendue à plusieurs reprises, systématiquement au mois de Décembre. A cette époque, quasiment personne n'y grimpe. On y a même déjà grimpé sous la neige. Mais généralement, il fait super beau, on savoure le calme. J'aime particulièrement grimper dans le secteur de Cap Canaille, entre Cassis et la Ciotat. Tu as des grandes voies qui se développent sur 3 strates de roches différentes: calcaire, grès et du poudingue. Et c'est un véritable régal que d'y pratiquer l'escalade, dans des voies qui peuvent aller globalement jusqu'à 6 longueurs."

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Peux-tu raconter une galère que tu as vécue en montagne et l'expérience que tu en as tirée?

"On était parti avec mon compagnon de cordée en Juillet pour faire la Meijette, un éperon juste en dessous de la Meije. C'est un itinéraire rocheux et on avait regardé la météo la veille et pour lequel on avait réservé le refuge sans pour autant avertir le gardien de la course qu'on allait entreprendre...On est donc partis tranquillement faire la voie, tout sereins...Au pied de la voie, on galérait déjà pour trouver l'attaque, et au bout de quelques longueurs on s'est retrouvés complètement coincés. Ni lui, ni moi n'arrivions à forcer le passage. A un moment, il s'est pris un vol et a décroché un gros caillou qui a quasiment sectionné la corde dans sa chute et a percuté violemment ma jambe, la douleur était intense... Il a d'abord fallu gérer tous les 2 un début de panique. Il était hors de question d'appeler l'hélico, mais on était bien dans la merde, et pour couronner le tout, le ciel se couvrait méchamment. On aurait dû vérifier la météo le matin-même...Du coup, on a appelé le refuge qui nous a limite passé un savon par rapport aux conditions du glacier par ailleurs. On a bidouillé notre corde et on est redescendus en rappels tant bien que mal. On est arrivés sains et saufs au pied de la voie, je boîtais en raison de la douleur à ma jambe tout le long du retour pour rejoindre sous la pluie le gîte à La Grave. On aurait vraiment dû discuter des conditions avec le gardien du refuge. Lui connaît parfaitement les conditions, c'est une belle "erreur de jeunesse" qu'on a commise, par manque d'expérience, en se référant juste à la cotation de l'itinéraire, sachant que c'était une course rocheuse"

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Quels sont tes rêves d'ascensions?

"L'Aiguille Verte par l'arête des Grands Montets. La traversée des Aiguilles du Diable également. Le Grand Capucin. Sinon, j'aimerais beaucoup découvrir l'Himalaya, pas forcément pour y grimper, mais pour voir ce massif, partir à la rencontre de ses habitants, de sa force, lors d'un trek par exemple. "

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Qu'est-ce que l'esprit de cordée pour toi?

"Au delà de la sécurité, c'est une entente, un équilibre entre les 2 compagnons. La notion de partage est également très importante. Je grimpe souvent avec les mêmes compagnons de cordée, mon conjoint notamment, mais ça m'arrive aussi parfois de grimper avec des gens que je ne connais pas forcément, via des annonces sur camptocamp surtout. Il y a toujours une première course facile pour faire connaissance, mais en tout état de cause, je n'ai jamais eu de mauvaises expériences par ce biais. De toute manière, tu vois assez vite les profils de ceux avec qui tu n'as pas envie de grimper en montagne (sourire)."

Si tu avais une dernière chose à ajouter...

"La montagne est pour moi un endroit pour me ressourcer, j'ai parfois du mal à en redescendre. Elle n'a pas à devenir un haut-lieu touristique, et doit être impérativement préservée du tourisme de masse. L'aseptiser, c'est également baisser le niveau d'engagement qu'elle implique et ne la rend de fait pas moins dangereuse. La montagne est une école de vie qui doit rester un lieu résolument sauvage à mon sens, c'est la raison pour laquelle j'ai adhéré à l'association Mountain Wilderness. D'ailleurs, avec Mars mon conjoint, on rentre tout juste du Mont Viso où on a passé 4 jours à débarrasser le versant italien de la montagne de 15 tonnes de ferraille avec d'autres bénévoles. Et on continuera à agir dans ce sens"

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