Les sangliers du Valtin

1 juin 2015

Il y a comme ça des rochers que vous observez, presque quotidiennement sur vos trajets..., ou plutôt on a l'impression que ça fait des années que ce sont eux qui nous observent, alors un jour, ça vous prend comme une envie de scier, et même si c'est pas le moment, si on n'a pas grimpé depuis des semaines, presque des mois, faut y aller. De suite. 19h30 ce 31 Mai.

Krampus (en manque d'escalade): "Franck, désolé de te déranger à cette heure tardive..." Franck: "Pas de problème, je viens de finir mon footing et je passais à table". Krampus: "Ca te dit de partir, là tout de suite, grimper au Valtin?" Franck: "A cette heure? Sur un rocher à vue, sans topo où personne ne se rend, tout de suite? OK"

Et c'est ainsi que nous nous sommes garés en cette toute fin de journée au pied des Roches du Valtin, équipés à l'arrache (1 corde de 40m, baudriers, mousquifs et sangles) avec comme seul objectif ce rocher au dessus de notre tête avec la ferme décision d'aller y grimper (topo plus bas).

L'accès est plutôt aisé et très rapide. Le rocher est entouré de pentes rassurantes qui en rendraient l'ascension plus commode, mais il est hors de question de le contourner, ça n'aurait aucun sens et nous sommes venus pour grimper.

Le niveau est peu technique, mais les prises sont loins d'être franches par l'itinéraire où nous sommes passés, on pose le pied ou les mains sur des petites vires terreuses glissantes, certaines parties du rocher sont péteuses et je dois faire attention à ne rien envoyer sur Franck. Mes premiers mètres sont hésitants, je transpire, mes lunettes de boulot se font la malle ("Franck, tu seras gentil de me les récupérer stp?"). Par souci de sécurité, les relais se font en bordure de rocher par contre, sur des troncs d'arbre sains, avant de réattaquer la grimpe sur rocher.

Les 2 premières longueurs sont les plus délicates, rien de difficile, en voie équipée ce serait les doigts dans le nez, mais certaines parties posent problème, difficile de se résoudre à prendre une poignée d'herbe comme prise avec un point 2/3 mètres plus bas sur ce rocher abrasif et incliné plus que vertical. Ces 2 premières longueurs nous prennent un peu de temps. Franck arrive au second relais, la suite a l'air plus simple, mais nous la poursuivons dans un esprit d'escalade malgré les vagues sentes à 3 mètres sur la droite. Il est 21h00 passées, après la remontée d'un petit couloir qui nous emmène sur un promontoire à la vue magnifique pour un 3ème relais et qui correspond à la fin de l'escalade, nous nous refusons de faire une pause en raison de l'heure tardive. Une dernière partie assurée à l'épaule mais juste histoire de voir ce qu'il y a après, et nous nous déséquipons pour remonter un large et long pierrier suivi d'une longue pente de terre très difficile à remonter. La pénombre commence à s'installer, je reconnais alors la Roche Supérieure du Valtin sur ma gauche. Large, presque vertical celui-là, hyper tentant bien que largement plus difficile, mais nous n'avons plus le temps de prospecter sans nos frontales. Le sentier "triangle rouge" est rejoint et en une vingtaine de minutes nous arrivons de nouveau au pied de la voie à 21h45, la nuit commence à tomber... il ne nous restait plus qu'à trinquer en l'honneur de cette jolie reprise de l'escalade et de cette belle voie, facile (que du III je dirais) mais délicate, qu'on n'oubliera pas de sitôt.