Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vosginisme & Randonnée
31 décembre 2014

Les pensionnaires du Hohneck

"Krampus, ça te dit 2 jours en montagne avec un petit bivouac sympa?"

"Va te faire cuire un Grec"

Mes potes et moi sommes rarement d'accord sur la notion d'hébergement en montagne. Pour eux, après une journée de vosginisme, de ski de randonnée, de cascade ou que sais-je, le plaisir réside dans le "confort" spartiate d'une nuit dans la neige sous les étoiles. Sur le papier, c'est très beau à lire. Dans les faits, ils vont bientôt être sponsorisés par Bronchopax, et on a beau m'avoir offert le best-seller "Comment chier dans les bois" pour mon anniversaire, j'aurais probablement assez peu envie de lire le mode d'emploi en pleine nuit par -15°C. 

Bref, après avoir longuement hésité à passer 2 jours à grimper au Hohneck, nous abandonnons cette idée, peu convaincus par les conditions actuelles et optons pour 2 journées à raquettes. J'organise tout, demi-pension comprise. Non mais. Départ de Xonrupt après un premier vin chaud avec Sophie et Eric histoire de fêter nos retrouvailles mais aussi le début de la saison hivernale:

DSC06333 (2)

"Tu sais Krampus, en bivouaquant, on pourrait poser notre tente n'importe où durant notre périple et davantage profiter de la nature" "Il pèse combien ton sac, Eric?" "5 kilos peut-être" "Ah ben oui, t'as pas le duvet, le matelas, la tente, le réchaud, la bouffe, la cartouche... profite quoi". Nous poursuivons notre longue mais paisible ascension jusqu'à la chaume de Balveurche dans un silence bienvenu et enivrant:

DSC06338 (2)

DSC06342 (2)

Bon, comme on arrive à Balveurche (je parle du récit là, pas de notre balade), je ne peux m'empêcher de citer un extrait de "Honeck", ce chef d'oeuvre de Jacques Dieterlen qui chante avec génie et poésie la beauté de nos Hautes-Vosges: " Puis il nous conta ses pérégrinations à travers le plateau. Ce pays l'avait emballé. Vers le Nord, la vallée du Valtin se perdait dans les brumes; sous des brumes aussi, mais plus blanches, dormait le vallon de Belbriette, tandis que, de l'autre côté, la vallée de la Vologne s'étirait vers l'ouest, avec, dans le fond, la nappe jaspée du lac de Retournemer, et celle plus allongée, du lac de Longemer, entre leurs flancs boisés. La ligne des ballons étendait vers le sud, sa molle ondulation, et donnait à tout ce paysage vosgien quelque chose de très jeune et de très ancien à la fois, un air de douceur et de reposement qui retenait longtemps le regard".

On ne vous remerciera jamais assez M. Jacques Dieterlen d'avoir aussi magnifiquement célébré nos Vosges.

Après une pause casse-croûte le cul dans la neige et l'esprit dans mille rêveries, après avoir également cédé aux sirènes des chaufferettes dans les gants (premier essai, comment renoncer à l'avenir, hein?), nous avons poursuivi notre chemin vers Haut-Gazon, perdus dans les nuages conférant au sommet un aspect irréel:

DSC06345 (2)

DSC06346 (2)

Puis les heures ont défilé, à peine trahies par l'éclat faiblissant d'une lumière au fil des kilomètres qui nous ont menés au Collet, à la Schlucht jusqu'au Baerenbach:

DSC06353 (2)

DSC06358 (2)

DSC06359 (2)

"Tiens, regarde Krampus, là sous cet arbre, regarde comme le sol est dégagé et comme on est bien à l'abri, c'est pas le paradis qui s'offre à toi cet emplacement?" Je reconnais volontiers que l'endroit était rêvé. Pour une personne perdue. Ou en détresse. Mais perso, un bon vin chaud les pieds sous la table au refuge des 3 Fours soulève davantage mon enthousiasme.

Nous aurions volontiers poursuivi nos pérégrinations sans le moindre soupçon de lassitude, plongés dans ces merveilles nivéales, si le déclin du jour ne s'était pas fait aussi insistant. C'est ainsi que nous sommes partis rejoindre le refuge sous les dernières lueurs d'une journée pure comme la neige que nous avons foulée tout au long de la journée...

DSC06367 (2)

 

Le refuge des 3 Fours nous accueille avec bonheur. Nous y retrouvons Christian pour le plaisir d'une soirée conviviale. Partant pour une session alpi de 2 jours et peu convaincu également par les conditions de neige pour grimper, il ne faut pas demander à ce skieur passionné de chausser des raquettes, mais le rendez-vous était pris au refuge. Cela faisait des années que je ne n'avais pas séjourné au refuge CAF autrement que pour un passage éclair, et il faut bien reconnaître, qu'en hiver, Yvane et Stéphane apportent avec chaleur, disponibilité et bonheur une vraie atmosphère de refuge de montagne à leur lieu de vie. Quant à la cuisine proposée, elle satisfait les plus gourmands aussi bien que les plus gourmets avant que chacun ne rejoigne sa chambre pour un repos mérité. On a hérité de la chambre "Hohneck", ça ne s'invente pas. De toute manière, j'aurais eu le "Markstein", j'aurais dormi dehors. Ouais, non, ptêt pas:

DSC06369 (2)

 

Nous quittons au petit matin le douillet refuge, non sans avoir récupéré notre thé et notre panier repas et nous dirigeons vers le maître des lieux, le Hohneck. Pendant  ce temps, Eric et Sophie m'expliquent qu'on dort aussi très bien dans un bon gros duvet et qu'à la longue ça fait des économies (pour les genoux?). J'en suis certain oui, je vous laisse comparer les prix du refuge et ceux des duvets Vélandra ou LaFayote (pas de pub svp ;) ):

DSC06371 (2)

DSC06372 (2)

DSC06384 (2)

DSC06401 (2)

DSC06406 (2)

Le sommet est rapidement atteint, Eric doit être ému, ça lui le rappelle le Ben Nevis, ça caille et on voit que dalle à part un affreux parking qui fait office de cicatrice sur cette merveille géologique:

DSC06411 (2)

 

Après un arrêt dans le beau refuge du Sotré pour une boisson chaude (tiens mes potes m'ont pas proposé de sortir le réchaud, faire fondre la neige et mettre un sachet de thé...), nous redescendons paisiblement vers Retournemer:

DSC06415 (2)

DSC06418 (2)

DSC06421 (2)

 

Puis, après avoir retiré nos raquettes sur l'itinéraire "raquettes" de Retournemer (c'est quand même bien crétin, puisque rapidement tassés par les raquettes, ces itinéraires imposent le fait de les retirer pour progresser), nous avons longé Longemer et rejoint notre point de départ. Sophie m'a demandé:"Alors, on t'a convaincu maintenant, finies les demi-pensions?" "Oui. Définitivement. Maintenant c'est pension complète systématique". Mes amis ont failli faire une syncope, heureusement que je leur ai pas encore dit que j'envisageais sérieusement d'apporter mes propres charentaises brodées à mon nom la prochaine fois:

DSC06424 (2)

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Une recherche sur Zwingelstein, Jacques Dieterlen, puis votre blog, c'est du fil en aiguille...<br /> <br /> Mais aussi bravo pour ce petit texte.
Répondre
Archives
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 389 512
Publicité