Du risque d'avalanches actuel dans les Vosges

On s'en doutait, on le savait même: attention au risque actuel d'avalanches dans les Vosges. Les importantes chutes de neige de ces derniers jours, conjuguées au -bref- redoux qui s'amorce demain devrait favoriser la purge naturelle des couloirs et pentes raides du massif.

Je laisse Pierre-Marie David vous l'expliquer avec davantage de précision:

Le 19 mars 2013.

A l’intention de nos amis, amateurs passionnés de météo, neige, montagne, voici une petite description des conditions de neige que nous avons actuellement, qui sont assez courantes pour une fin mars.

Dans le secteur du Hohneck, dans la hêtraie d’altitude, l’épaisseur de la neige varie entre 80 cm et 120 cm selon les endroits. Bien évidemment, dans les zones de suralimentation des versants est, l’épaisseur de neige se mesure en mètres.

Le manteau neigeux se divise en deux couches bien différenciées :

• Du sol à 55 cm, ce sont les neiges anciennes qui ont subi des phases d’humidification et de regel. Actuellement, à part une petite strate plus tendre vers 30 à 40 cm, cette neige est extrêmement dure. On y enfonce ou le couteau ou, le crayon.

• La partie supérieure est composée de neiges récentes. Les importantes chutes de neige des deux jours précédents ont apporté de 30 à 40 cm de « poudreuse » sur ce site.

• A la partie supérieure des couloirs, l’épaisseur de la couche de neige fraîche dépasse le mètre. En raison du vent qui balaye les crêtes, des plaques ont pu localement se former. Les corniches augmentent.

• Au moment du sondage, on observait l’effet de « chasse neige » (les crêtes fument), la poudreuse est balayée sous les rafales.

• On en a un petit aperçu sur cette coupe entre 90 et 94 cm. C’est une petite croûte composée de grains fins « frittés » par le vent.

• Aujourd’hui, des averses de « neige roulée » recouvrent la surface de plusieurs cm de ces petites billes compactes. Ceci aura son importance dans les jours prochains.

  

  Que se passera-t-il ces jours prochains ?

  Cette strate de neige roulée va être recouverte par les nouvelles chutes de neige.( ***** sur le schéma). Cette strate instable peut rapidement être facteur de départs spontanés ou accidentels de « plaques temporaires instables ».

  Un exemple de ce type dans le Falimont en mars 2006, au plus fort de l’enneigement.

  

  Dès vendredi, en altitude, les températures vont rapidement passer en positif.

  A l’analyse de cette coupe, on observe une fine strate de neige cristalline à 60 cm du sol.

  Ce qui, à la loupe, peut passer pour des faces planes est sans doute un dépôt de givre de surface qui s’est formé à la faveur du coup de froid des 13 au 16 mars. Cette strate fragile est enfouie sous les neiges récentes. Elle repose sur de la neige dure, elle présente un risque d’instabilité, donc de glissement.

  Si le redoux s’accentue, nous pourrions aussi avoir alors des départs plus conséquents occasionnés par quelques strates de grains ronds mous, actuellement maintenus par les couches gelées.

  Exemple le 18 mars 1997 où le manteau neigeux s’est rompu sur 1,80 m d’épaisseur, en plusieurs couches non adhérentes (marquées par les flèches rouges). Ce n’était pas une corniche formée par le vent, quoiqu’en disent les « cornichons », mais une forte accumulation de neige (dont de la neige roulée) sous forme d’un dôme.

  On s’achemine dès maintenant vers les avalanches de printemps, démarrant parfois directement au sol et formant d’importants dépôts sous forme de boules.  

  

  Ceci sera intéressant à suivre… de loin, bien évidemment.

  © Pierre-Marie DAVID