Face Nord de la Tête Blanche (3421m) et Petite Fourche (3520m)
Voilà quelques mois que j'avais réservé la nuitée pour aller avec mon père à Chamonix afin de me rendre avec lui sur la Tête Blanche par la voie normale. Cela n'a pas pu se réaliser, mais ce n'est que partie remise, et de fil en aiguille, mes potes de vosgicimes et moi avons décidé de conserver ce week-end - enfin ensoleillé! - à Chamonix pour réaliser une belle course, côtée Assez Difficile, et qui combine la Face Nord de la Tête Blanche à la toute proche Petite Fourche. Sans être aucunement une course d'envergure, elle me faisait rêver depuis pas mal de temps:
Ci-dessous, la Face Nord de la Tête Blanche (à droite) et la Petite Fourche (second plan à gauche). Photo: ladegaine.com
Arrivés dans la nuit de Vendredi à Samedi à St-Gervais chez Chantal et Laurent, nous décidons (oui, enfin, ils ont décidé... passque l'escalade, moi, fffff....) de consacrer le Samedi matin au site d'escalade des Gaillands à Chamonix. Lieu magnifique, vue exceptionnelle sur le Mont-Blanc. Je me fais violence pour faire 2 voies, manger 15 tranches de pastèque du sympathique Francis avec qui nous faisons connaissance, puis la sieste, quand les autres passent leur matinée à monter/descendre/monter/descendre/monter etc...
"C'est où qu'il faut aller?" "J'sais pas. En haut?" "Ah ouais, pas con.":
Y'a pire comme vue depuis le site quand on tourne la tête:
Après cette matinée bohême, tout le groupe "vosgicimes" se retrouve au hameau du Tour dans l'optique de définitivement marquer l'Histoire de l'Alpinisme de son indélébile trace vosgienne. Départ depuis le parking du Tour dans la bonne humeur :)
Accueillis par de la musique disco à 2200m dans la cabine d'arrivée du télésiège au col de Balme, Quent (Anne-Claire à droite) montre qu'il est aussi à l'aise sur le dancefloor qu'il ne le sera dans les pentes raides:
La vue sur le Mont-Blanc pendant le trajet au refuge est somptueuse:
Chardonnet (3824m) et Glacier du Tour, un cadre magnifique pour le refuge Albert 1er:
Romain et Laura nous suivent de tout près, avec le Buet (3096m) en toile de fond:
Le refuge a beau être bondé, nous n'en ressentons aucune gêne, tant le glacier est magnifique mais également grâce à la grande disponibilité et à la gentillesse des gardiens et aide-gardiens du refuge, souriants jour et nuit. Une partie de notre groupe décide de bivouaquer au dessus du refuge quand une autre partie passera la nuit en dortoir. Demi-pension et nuit parfaites de mon côté, notamment en raison de la grande discrétion de tous les alpinistes.
Réveil 3h45, nous retrouvons à l'aube nos bivouaqueurs pour faire de grandes cordées pour la traversée du glacier, et de plus petites cordées dans les voies. Je n'ai jamais fait de course côtée AD, encore moins dans les Alpes et dont les difficultés sont au-dessus de 3200m, et suis à ce moment particulièrement tendu. La traversée du glacier au petit matin est un moment magique que je me gâche partiellement en me stressant quelque peu de manière tout à fait inutile. Nous passons, contrairement aux innombrables autres cordées qui se rendent par le col supérieur du Tour à l'Aiguille du Tour, au Col du Tour (encore franchissable, voir photo ci-dessous) pour basculer versant Suisse sur le glacier du Trient.
Nous découvrons alors de profil la Face Nord de la Tête Blanche où certaines cordées évoluent déjà dans une pente continue à 50°/55°. Le spectacle est dantesque, et mon appréhension s'envole:
Nous choisissons de remonter la face derrière l'éperon rocheux en son milieu. Je fais cordée avec Quent uniquement et choisis de tirer des longueurs avec lui afin d'évoluer en toute sécurité. D'autres progressent à corde tendue, mais les petites cordées se formant, chacune choisit sa façon de grimper. Dès la première longueur, au relais, une pierre grosse comme une balle de tennis d'une cordée au-dessus heurte violemment une bretelle de mon sac à dos, je me demande parfois pourquoi je ne joue pas au tennis plutôt le Dimanche...
De leur coté, Anne-Claire et Francis grimpent de l'autre côté de l'éperon rocheux (photo Anne-Claire) :
Le plaisir est cependant immense, il dénote avec l'appréhension de l'aube et la progression avec Quent est aisée:
Romain, heureux comme tout dans la Face:
La cordée Ozan-Chantal-Serge-Laurent:
Quent, qui grimpe en premier de cordée, sentant que je suis parfaitement à l'aise me fait le cadeau de me laisser la dernière longueur en tête. Petit coup d'oeil en arrière avant d'arriver au sommet avec 200m de pente raide sous les pieds:
Romain sort de la Face Nord avec une technique vosgienne:
Laura aussi sort de la voie avec cette technique dite du "pâté lorrain", assurée par son Glaude:
Après une longue pause au sommet marquée par une sympathique rencontre avec un couple spinalien, nous repartons plus en forme que jamais pour l'ascension de la Petite Fourche (3520m) par sa voie normale. Quent devant le sommet (à gauche):
Après une pente à 35° et quelques pas d'escalade facile...:
... nous parvenons sans encombre au sommet:
Retour vigilant mais plaisant au refuge malgré une neige ramollie par le soleil, sur un glacier néanmoins encore bien bouché, la tête pleine d'images plus belles les unes que les autres. Il était alors temps pour nous de retourner dans nos Vosges après quelques poignées de main heureuses et un rendez-vous dans quelques semaines pour ce qui sera pour quelques-uns parmi nous la tentative d'un premier 4000 et sans remontées mécaniques...
Merci à tous: Quentin, Romain, Laura, Ozan, Serge, Chantal, Laurent, Anne-Claire, Francis.
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