Enchaînement des 14 plus hauts sommets des Vosges
On l'a fait!! Et c'était énorme, monumental, crétin et un sacré moment de bonheur malgré tout ce que le ciel nous a vainement envoyé dans la tronche afin de nous faire échouer. Mine de rien, un tel enchaînement entièrement à pattes, ça ne se refuse pas.
A la base, on devait aller grimper au Wildhorn dans les Alpes Bernoises, mais la météo en a décidé autrement, réservant cependant un temps plus clément sur notre massif pour ce week-end (tu parles).
Nous avons donc sorti le Plan B du chapeau. Mais là, je dois ouvrir une parenthèse afin d'en expliquer l'origine. Le mois dernier, mes amis Perrine et Sébastien T. d'Ingersheim s'étant mariés, m'ont présenté, pour déconner, à leurs familles comme le premier homme à avoir, d'une traite enchaîné en rando les 14 sommets vosgiens de plus de 1300m. Je n'étais même pas au courant de ces chiffres, mais l'idée de les enchaîner était si stupide qu'elle m'a aussitôt plu.
Ainsi qu'à Ozan (citation favorite: "la rando c'est bien, mais sous la pluie ça fait un peu chier quand même")(suivi un peu plus tard de "c'est la rando la plus pourrie que j'aie jamais faite. Question météo j'entends):
Sophie ("j'vous ai préparé un cake au whisky"):
Et Eric ("j'suis trempé jusqu'à la moelle depuis hier, mais ça va être une première mondiale alors..."):
Et c'est ainsi que grâce à une organisation au poil signée "krampustours", nous nous sommes retrouvés hier au Gazon du Faing. Sans poncho, sans pantalon imper, sans changes ou presque, ben non la météo dit qu'il pleuvra, allez, à peine, mais chargés comme des mulets avec nos tentes pour près de 45km. On ne les sortira même pas:
Premier sommet, le Gazon du Faing (1306m). Mes potes me demandent déjà comment qu'ça s'fait qu'on parte au Nord quand la Crête est au Sud. Cherchez pas:
Ah ben non, on marche depuis 20 min et on fait déjà demi-tour. Deuxième sommet tout à côté: Soultzeren Eck (1302m):
Hop, on enchaîne facile avec le troisième sommet, Gazon de Faîte (1303m):
... et le quatrième, Ringbuhl (1302m). Décidément, on est à peine parti que ça y est on en a 4 dans la besace:
Comme on n'aura plus de sommets d'ici les environs du Hohneck, Eric nous fait longuement part de toute son admiration pour les chasseurs, et surtout pour les motards. Pendant ce temps, on se fend la poire devant tant d'amour et on en profite pour assurer quelques photos:
Parvenus à la Schlucht, on en a profité pour vider quelques Badoit, San Pellegrino, Cristalline ça coule de source etc...
Et là... Là, les emmerdes ont commencé, après quelques kilomètres seulement, et c'était parti jusqu'au bout du parcours pour une météo aux antipodes de ce qui avait été annoncé ("belles éclaircies, rares averses locales", fumiers...!). Après avoir dépassé la Schlucht, nous cherchons le cinquième sommet, le Haut du Falimont (1306m). Celui-là, il a fallu aller le chercher parce qu'il est tout plat, mais bon puisqu'il fait partie de la liste officielle des 14, autant être crétins jusqu'au bout:
Le sixième sommet, le Hohneck (1363m) nous accueille alors comme il se doit, dans un climat typiquement honeckesque:
Et là, comment dire, sur le sentier des Névés, on a commencé à en avoir -un peu- plein le ...dos, disons. Mais mes compagnons c'est des vrais potes, et c'est pas les 4 heures suivantes sous le déluge qui vont les déstabiliser. D'ailleurs, ils ont l'air super content sur la photo:
Le problème, c'est que pour certains d'entre nous qui ont des Gore-Tex un peu anciennes et usées, ça tient plus trop l'imperméabilité, et on a beau avoir des guêtres et super pompes, le pantalon se gorge d'eau, puis les chaussettes, et ce sont les pieds qui baignent. C'est donc dans un état misérable que nous avons rejoint le septième sommet, le Kastelberg (1350m). C'était magnifique là-haut, le temps, le panorama, je vous dis pas:
On est donc redescendu par les pistes rejoindre la ferme-auberge du Breitsouzen, histoire de prendre un chocolat chaud et surtout de pas mourir noyés sur la Crête. Et là, on a pensé à abandonner pour 2 raisons: la première parce qu'il a fallu enjamber 200 haies électriques qui n'ont pas manqué de nous envoyer moultes décharges bien situées et, la deuxième, parce que quand on est au chaud dans une ferme-auberge qui fait dortoir et que ça sent la fondue à plein nez, on n'a plus envie de repartir... Mais on est reparti pour le huitième sommet, le Rainkopf (1305m):
... le neuvième, le Rothenbachkopf (1316m) (là, dans la montée, j'ai franchement commencé à caler...):
... et le dixième et dernier de la journée, le Batteriekopf (1311m):
Alors, on a poursuivi notre chemin très agréable (parce que c'est pas du tout usant de traîner dans le vent, la pluie et la boue... d'ailleurs on a croisé une randonneuse, tout de rouge vêtue qui a eu l'air d'apprécier sa journée :)))
...pour rejoindre l'abri du Neurod, au col du Herrenberg. Et là, merci à mes amis Anne et Jérôme qui, au courant de notre périple, nous ont apporté un joli mot de bienvenue, ainsi que pour moi... une paire de boules Quiès. Et oui, les montagnards ont tous leur objet fétiche, que ce soit leur Opinel, leur sac à dos ou que sais-je... moi c'est les boules Quiès :) Chouette soirée autour d'un feu en tout cas, ou nous avons pu pendre nos vêtements détrempés, nos duvets bien humides avant de nous endormir:
La nuit a été terrible pour mes potes (bruit catasclymique de la pluie violente de la nuit, sans compter qu'elle gouttait sur eux à travers la fenêtre "bâchée" du haut.) Perso, j'ai rien entendu, merci les boules Quiès. Frigorifiés au matin, nous avons resongé à laisser tomber au vu de la situation, mais comme on n'entre pas dans l'Histoire des Vosges sans faire d'efforts, et qu'il semblait ne plus pleuvoir, on est quand même repartis, laissant l'abri derrière nous:
Manque de bol, 2 minutes plus tard on s'est tout repris dans la tronche: la pluie, le vent, la boue et même le froid (tiens, là, la météo a vu juste, les températures étaient à peine positives aujourd'hui):
Au col d'Hannenbrunnen, nous avons dû quitter la Crête des Vosges pour rejoindre à l'Est le onzième sommet, le Lauchenkopf (1314m):
Puis, plus à l'Est encore, le très joli Klintzkopf (1330m), douzième sommet, auquel je n'avais jamais rendu visite non plus:
Et quelques kilomètres plus tard, les jambes lourdes, nous avons rejoint le Markstein, où les très accueillants aubergistes du "Petit Chamois" nous ont servi les meilleurs sandwiches du monde:
Boîtant comme un zombie lépreux, j'ai alors rapidement repris le GR5 avec mes amis afin de gravir le très joli Storkenkopf (1366m), treizième sommet. Il s'agit du deuxième plus haut sommet des Vosges, et sa proximité avec le Grand Ballon lui a coûté beaucoup de notoriété, car il reste très méconnu alors que sa traversée est très jolie. Evidemment, pour le panorama on repassera. De toutes façons, depuis hier, on aura fait une vingtaine de sommets (en comptant les 1200 ...) et ... rien vu, que dalle, nothing, nichts. Das ist eine Katastrophe! Le Storkenkopf:
Et enfin, le quatorzième et point culminant des Vosges, le Grand Ballon (1424m). Ben j'étais pas mécontent d'y arriver...
Pour terminer, merci à Sophie, Eric et Ozan de m'avoir suivi dans ce plan B hautement débile, on est célèbres maintenant, ça valait le coup. Merci à Anne et Jérôme pour les boules Quiès, merci à mon épouse Aurélie qui gardait patiemment les gamins à la maison pendant que Môssieu fait son aventurier-kéké dans ses Vosges, et merci à Perrine et Sébastien, de pas me présenter à l'avenir comme le premier Vosgien à avoir gravi d'une traite les 82 sommets de plus de 4000m des Alpes, j'ai vraiment pas que ça à faire vous savez ;)
Un exploit référencé sur wikipedia:
Grande résolution ici: https://lh5.googleusercontent.com/-1qTk7bWzsqI/T1Dg_QrXiYI/AAAAAAAAAQg/0mGY3OsRztI/s1440/enchainements.JPG